Les masses palestiniennes dans les territoires de 1948 contre la politique de spoliation des terres et le plan
Prawer
Par Wehbe Badarni
23 septembre 2013
Les masses palestiniennes dans les territoires de 1948 se dirigent vers une nouvelle Intifada.
Des manifestations de revendications et de colère sont organisées dans ces régions contre la politique de spoliation des terres et le plan
Prawer
.
Le 2 août de cette année, des centaines de jeunes et d’enfants arabes des territoires palestiniens de 1948 occupés se sont rassemblés au carrefour de Wadi Aara brandissant des dizaines de drapeaux Palestiniens. Ils ont établi un barrage sur la route principale qui relie le centre au nord du village. Ils exprimaient leur colère contre la série de vols et de pillages des terres que pratiquent les autorités israéliennes contre le droit des Palestiniens dans les territoires de 1948. Ils ont manifesté contre le plan Prawer, plan approuvé par le gouvernement israélien qui vise à expulser des dizaines de milliers des résidents arabes de leurs terres dans la région du Néguev.
Des centaines de policiers israéliens ont été dépêchés sur les lieux, ils ont utilisé la force pour disperser les participants et ont procédé à l’arrestation d’une vingtaine de manifestants.
Cette puissante manifestation de jeunes était dirigée par les jeunes eux-mêmes, des jeunes qui ont tiré les leçons des luttes militantes et révolutionnaires de leurs frères de Tunisie et d’Egypte, du Maroc et d’autres pays arabes. Des jeunes qui en ont assez des discours des dirigeants politiques qui exploitent leurs problèmes et utilisent leurs préoccupations quotidiennes pour en faire leur fond de commerce.
Ces manifestations sont le prolongement des grands mouvements populaires des territoires de 1948 dont le dernier en date a été la grève générale du mois dernier décidée par les populations des territoires de 1948 pour protester contre la politique raciste d'Israël qui remet en cause leurs droits et qui s’est matérialisée dernièrement par l’application du plan Prawer par le gouvernement israélien (expulsion des arabes Palestiniens du Néguev au sud du pays et leur déplacement vers de grands complexes de logements, les spoliant ainsi de leur terres qui avaient appartenu à leurs pères et à leurs aïeux durant des siècles bien avant la création de l’Etat Juif).
Cette décision israélienne nous rappelle l’expulsion de masse pratiquée par Israël contre le droit des Palestiniens durant la période de la Nakba en 1948. Les Palestiniens qui vivent dans la région du Néguev depuis plusieurs siècles sur leurs terres, subissent les pires attaques de la part des autorités israéliennes ; leurs maisons sont détruites, on les expulse de leurs villages par la force.
Depuis des dizaines d’années, les gouvernements israéliens qui se sont succédés refusent de reconnaître les villages palestiniens du Néguev. Ainsi, ce sont 50 villages dans ce territoire qui sont désignés par le terme de
villages non reconnus
. Le gouvernement israélien refuse de leur attribuer le moindre des droits humains les plus élémentaires, l'accès à l’eau, à l'électricité, à l’enseignement, à la santé et aux infrastructures.
Ce que fait le gouvernement israélien n’est rien d’autre qu’un programme de harcèlement et d'oppression qui a pour objectif de rendre impossible la vie des Palestiniens de ces territoires afin de les obliger à abandonner leurs terres et partir le plus vite possible.
Néanmoins, le mouvement de protestation dans les territoires de 1948 contre le plan Prawer et les plans racistes israéliens démontre que ces masses et ces générations militantes de la jeunesse ne sont pas celles qui ont vécues la Nakba. C’est une génération nouvelle de jeunes, tenaces dans la lutte pour arracher leurs droits, et leur liberté confisquée.
L’histoire et le combat des Arabes palestiniens des territoires de 1948 ne commence pas aujourd’hui. Elle se poursuit sans interruption depuis la Nakba. Cette composante du peuple palestinien mène un dur et amer combat pour rester dans son pays. Ils ont lutté contre le régime militaire israélien qui a été imposé dans la région de la Galilée jusqu’aux années 1966. En 1976, la première Intifada palestinienne des arabes des territoires de 1948 a été déclenchée dans les territoires de Nazareth et en Galilée pour protester contre la confiscation des terres des fellahs palestiniens des villages arabes de Sakhnin et Der-hana. Le 30 mars 1976, les masses palestiniennes ont décrété une grève générale dans tous les territoires. Des affrontements violents et constants ont éclaté entre les villageois de Galilée et l’armée israélienne.
Durant ces affrontements en Galilée, six Palestiniens ont été tués et plusieurs centaines blessés. Des centaines de manifestants ont fait l'objet d'une féroce campagne de répression, ils ont été arrêtés et molestés.
Cet événement révolutionnaire historique du 30 mars 1976 est connu sous le nom de
Journée de la Terre
. Depuis cette date et jusqu'à maintenant, les masses palestiniennes commémorent la
Journée de la terre
en mémoire des martyrs qui sont tombés pour défendre leurs terres.
Les mobilisations et actions de masse dans les territoires de 1948 qui commémorent les manifestations nationales et les combats des années passées apportent la preuve d'une réalité incontestable : les masses populaires palestiniennes de cette région de la patrie palestinienne demeurent attachées à leur identité palestinienne. Elles refusent l’humiliation et la soumission à la machine sioniste d'oppression et de répression. Ces masses sont prêtes à payer le prix fort pour arracher leur liberté, combattre pour leur dignité et pour vivre avec fierté sur la terre de leurs pères et de leurs aïeux.
La mobilisation large que nous observons aujourd’hui dans ces régions est la preuve de cette réalité. Cela montre que les masses ont fait le choix de se battre pour leur dignité, pour rester dans leur patrie et que rien ne les détournera de leur but.
Wehbe Badarni est membre du syndicat des travailleurs arabes à Nazareth.