Handala va bientôt pouvoir se retourner !
Par Jacques Werstein.
C'est un 29 août, il y a 27 ans que le caricaturiste palestinien Naji al-Ali était assassiné par le Mossad israélien. Handala, le petit bonhomme âgé de 10 ans de ses milliers de dessins est toujours très populaire en Palestine. Il est redessiné à la craie ou au pochoir, sur les murs des camps de réfugiés et sur ceux de la colonisation comme autant de signaux de la résistance à l'oppression sioniste.
Handala est représenté les pieds nus, comme l'étaient les enfants palestiniens chassés de leurs maisons sur les routes, par la Nakba de 1948 - comme l'était Naji al-Ali lui-même qui avait 10 ans lorsqu'il a été chassé avec sa famille de Galilée et a marché jusqu'au Liban, au camp de réfugiés de Ein-el-Helweh.
Handala depuis lors, a arrêté de grandir.
Ses dessins le représentent, toujours de dos, ses bras derrière son dos. Ses cheveux sont ceux du hérisson qui utilise ses épines comme arme. Naji explique qu'« il n'est jamais représenté de face, car il se sent trahi... Il ne recommencera à grandir que lors de son retour sur sa terre natale...
Au début il était un enfant de Palestine, mais sa conscience s'est développée pour devenir celle d'une nation, puis de l'humanité en totalité. Il a fait la promesse de ne jamais se trahir. Handala veut dire
amertume
.
Naji a réalisé plus de 10 000 dessins qui portent sur l'actualité de la situation du peuple palestinien, sur ses souffrances et sa résistance à l'oppresseur. Il y critique âprement les autorités palestiniennes et les dirigeants des pays arabes sans figurer aucun personnage politique particulier.
Naji s'est opposé fermement, toute sa vie, à toutes les
solutions palestiniennes
qui n'incluraient pas le droit des Palestiniens à toute la Palestine historique.
Lorsqu'on a demandé à Naji quand on pourrait voir le visage de Handala, il a répondu qu'on ne le verrait que
lorsque le citoyen arabe sentira sa liberté et son humanité...lorsque l'Etat Palestinien retrouvera la totalité des territoires occupés depuis la Nakba de 1948.
Et sur un de ses dessins, Handala avait écrit sur la porte close d'un édifice officiel :
Vous qui vous prosternez devant les Etats Unis, je ne vous reconnais plus.
Aujourd'hui, bien qu'Israël ait bénéficié d'Obama d'une rallonge de 250 millions de dollars pour sa guerre d'extermination, après 51 jours de bombardements, de massacres, de destructions, la résistance palestinienne tient bon et s'est soudée entre palestiniens de Gaza, de Cisjordanie, de
l'intérieur
, des camps de réfugiés. Et de toutes parts, comme si elle avait en tête ce que disaient Handala-Naji :
la signature d'une convention de paix avec l'occupant israélien est le début des guerres
, la population palestinienne s'adresse à la délégation des autorités palestiniennes qui se rendent aux discussions
d'accords de paix
avec Israël pour leur rappeler que les pourparlers, les accords de paix, à chaque fois ont multiplié les colonies, les murs, les check-points et accentué l'oppression, préparé de nouveaux bombardements, de nouvelles exactions.
Elle dit : on ne cédera rien. Elle dit : nous n'acceptons plus aucune concession. Le minimum c'est la levée immédiate du blocus, l'ouverture de l'aéroport, du port, l'entrée de toutes les marchandises nécessaires pour reconstruire, la liberté d'acheminer les médicaments et les matériels pour nos hôpitaux, tous les produits et approvisionnements dont on a besoin... La barbarie sioniste a fait tomber tous les masques qui la protègent et lui permettaient l'impunité.
Handala va bientôt pouvoir se retourner !