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Revue Dialogue, numéro 19, octobre 2007 - introduction

L'administration américaine, dont on connaît les rapports étroits avec l'Etat d'Israël, a décidé de convoquer une nouvelle conférence internationale, en novembre prochain à Annapolis aux Etats Unis. Une question se pose d'emblée : qu'attendre d'une nouvelle conférence ? S'agit-il de faire, ne serait-ce qu'un pas dans la résolution des problèmes cruciaux auxquels le peuple palestinien se trouve confronté ? Pour le journal égyptien Al Ahram hebdo, "un haut responsable américain a tenté de contenir les attentes en disant que la conférence ne serait pas "une négociation sur le statut final" mais seulement un des pas menant à terme à la négociation sur le statut final". Combien faudra-t-il alors d'autres conférences de ce type ?

La revue Dialogue est un rassemblement - ouvert - de militants ouvriers, syndicalistes, démocrates, qui ont décidé de discuter librement des problèmes qui se trouvent posés au Moyen Orient, et plus particulièrement en Palestine. Cette discussion cherche à définir la solution qui permettrait d'en terminer avec une situation insupportable, celle du peuple palestinien, de ces millions de femmes, d'hommes, d'enfants exclus de tous les droits et qui vivent comme des parias. Situation qu'aucun démocrate ne saurait accepter. Comme l'indique le sous titre de notre revue, nous sommes, nous avons toujours été, pour un seul Etat fondé sur la reconnaissance de l'égalité des droits entre les deux composantes arabe et juive.

Arrêtons nous un instant sur la notion de " statut final ". Comment prétendre que la constitution d'un pseudo Etat sur moins de 12% de la Palestine historique et la négation du droit au retour de tous les réfugiés, puissent constituer un " statut final " ? N'est ce pas au contraire prolonger la situation tragique du peuple palestinien menacé d'extermination et de famine à Gaza, de purification ethnique en Cisjordanie, d'abandon dans les camps de réfugiés, de répression et d'expulsion à l'intérieur de l'Etat d'Israël ?

Cette politique profiterait-elle aux populations juives ? Pour Ran Eretz, président du syndicat des enseignants d'Israël, interrogé par IsraelValley (6 octobre)," (...) nous assistons, au sein de la jeunesse, à une montée constante de la violence, de l'alcoolisme, de la drogue, de la dérobade quant au service militaire et ainsi de suite... Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Il se passe qu'au cours des six dernières années, le budget de l'Education nationale a été amputé de plus de quatre milliards de shekels. Une diminution de 20% ! Ce qui, dans le secondaire, s'est traduit par une réduction de 8,5 heures d'enseignement par semaine. La signification pratique de ces mesures: le gouvernement a amputé d'un an la scolarité réelle des élèves israéliens." Nous ne rejoindrons pas Ran Eretz, lorsqu'il met de cette façon là sur le même plan, la drogue et la " dérobade quant au service militaire " Ne s'agit-il pas d'un phénomène lié au refus d'une société brutale et sans avenir ? En effet, le quotidien Yediot Aharonot du 20 juillet dernier rendant compte d'un sondage indiquait que " la moitié des adolescents israéliens veut vivre à l'étranger. (...) 68% disent que la situation en Israël n'est "pas bonne"". Le récent rapport de la Sécurité Sociale montre qu'Israël, qui comporte 800 000 enfants pauvres, a rétrogradé de la 21e à la 27e place au classement international des pays développés entre 2003 et 2006 pour les dépenses publiques dans le domaine social. Les faits ne démontrent-ils pas que la politique de l'Etat d'Israël, essentiellement occupée à préparer de nouvelles guerres et à écraser la population palestinienne - pour les plus grands profits de l'industrie militaro-sécuritaire - désoriente, déstructure, décompose les populations juives elles-mêmes ?

Soixante ans de partition de la Palestine, soixante ans de Nakba et de guerres. Ne convient-il pas d'établir clairement un bilan ? C'est dans ce cadre que s'inscrit l'appel à une conférence internationale mettant à son ordre du jour la question de la réalisation du droit au retour de tous les réfugiés et de leurs familles et la question d'un seul Etat pour tous, avec les mêmes droits, sur toute la surface historique de la Palestine. Dialogue publiera prochainement une lettre d'information sur la préparation de la conférence, par laquelle nous proposerons d'ouvrir largement cette discussion, la signature massive de l'appel et l'organisation effective de cette initiative.


Vous trouverez également, au sommaire de ce numéro, un article du militant pacifiste israélien Miko Peled, qui appelle Arabes et Juifs à se soulever contre une politique qui mène tous les peuples à l'abîme. Ameer Makhoul, militant et responsable palestinien de l'intérieur livre son point de vue sur la situation des arabes qui vivent dans l'Etat hébreu, cela notamment à travers une analyse de la profonde ségrégation qui a été mise en oeuvre pendant la dernière guerre contre le Liban. Enfin un article de l'archéologue Claudine Dauphin revient sur une récente exposition sur l'histoire de la Bande de Gaza, qui montre notamment que la mise en avant de la richesse historique de la Palestine constitue aujourd'hui un enjeu politique et répond, une fois pour toute au mythe de la "terre sans peuple pour un peuple sans terre".

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