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Le n° 23 de Dialogue vient de paraître (Avril 2009)

Introduction

La terrible agression contre la population civile de la Bande de Gaza, qui s‘est déroulée (comme toujours) avec la complicité des Etats-Unis, de l‘Union Européenne et tous ceux qui leurs sont liés, représente la dernière manifestation de la Nakba, dont le point de départ fut le vote par l‘ONU de la partition de la Palestine le 29 novembre 1947.

Ce constat, maintes fois répété dans notre revue, ainsi que par nombre de militants et associations démocratiques impose une question essentielle : en quoi la réalisation des droits du peuple palestinien — nous entendons par peuple Palestinien, la population confinée dans les camps de réfugiés, celle qui se trouve à l‘intérieur de l‘Etat hébreu, les habitants des territoires occupés depuis 1967 comme l‘ensemble de la diaspora — seraient incompatibles avec l‘existence à égalité dans le même État, de populations juives ?

Vous lirez ici quelques extraits d‘un ouvrage récent de l‘historien Arno J. Mayer  1 . Force est de reconnaître que les réflexions, remarques et analyses de cet auteur, fondées par des faits incontestables peuvent parfaitement s‘intégrer dans la discussion que la revue Dialogue propose d‘organiser.

Pour Mayer « on peut affirmer qu‘Israël est devenu un État terroriste ou voyou » . Selon l‘historien, pour lequel les désillusions ne cessent de s‘accroître à l‘intérieur de l‘État d‘Israël « (...) on estime qu‘en 2006, près de 650 000 israéliens – soit 12,5% de la population juive du pays – vivent à l‘étranger, dont 60% en Amérique du Nord et 25% en Europe. La même année, 4 500 Israéliens ont choisi de devenir citoyens allemands ; forte d‘au moins 100 000 membres, la population juive d‘Allemagne est la troisième d‘Europe par ordre d‘importance. Une fuite des cerveaux a conduit plus de 20% des universitaires israéliens aux Etats-Unis et l‘on assiste également à l‘émigration de nombreux médecins, physiciens, chimistes, informaticiens et économistes. La transfiguration de Jérusalem, le déficit de démocratie et le rétrécissement des horizons intellectuels sont d‘autres facteurs d‘une yerida (départ des juifs de l‘État d‘Israël. Le contraire de l‘alyia – NDLR) inattendue qui, un peu à l‘image de l‘insoumission militaire, paraît de moins en moins stigmatisée » .

Plus loin, Arno J.Mayer, qui se qualifie lui-même de « Juif non juif, issu d‘une famille sioniste  » décrit l‘emprise du militarisme sur les populations juives et indique que  « le pays ne peut plus se passer de sa carte de crédit américaine illimitée, qui garantit son budget militaire surdimensionné (non sans à-propos, ce compte est actuellement administré par Stanley Fischer, un cadre américain qui a occupé jadis de hautes fonctions à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international et à Citigroup — jusqu‘en 2005, date à laquelle il est devenu gouverneur de la Banque d‘Israël). Les débats électoraux accordent également une place des plus restreintes à la priorité absolue accordée aux fusils sur le beurre, à l‘indifférence dont font l‘objet les mizrahim (juifs d‘origine orientale — NDLR) et à la discrimination persistante à l‘endroit de la minorité arabo-palestinienne. On passe sous silence la dépendance politique d‘Israël à l‘égard des Etats-Unis (...). En termes de dépenses militaires par tête, Israël arrive en première position mondiale — avant les États-Unis, qui ne sont que troisièmes. Bien qu‘elles soient largement financées par les Etats-Unis et par les Juifs de la diaspora, les dépenses militaires exorbitantes — 10% du PNB — étranglent le budget social (...). En 2005, près de 34% des Israéliens, parmi lesquels les Israéliens palestiniens ( qui se qualifient eux-mêmes de Palestiniens de l‘intérieur — NDLR ) gagnaient le salaire minimum ou moins; presque 50% des étudiants interrompaient leurs études avant d‘avoir obtenu leur diplôme. Les hommes politiques détournent les mécontentements sociaux vers la « lutte existentielle » éternelle avec les Palestiniens, tandis que de nombreux Israéliens prêtent l‘oreille aux bruyantes sirènes ultranationalistes, religieuses, antiarabes et islamophobes  ».

Depuis la rédaction de cet ouvrage, l‘offensive contre la Bande de Gaza, avec son cortège d‘actes barbares, a provoqué un mouvement sans précédent de rejet de l‘État d‘Israël, de la part de militants et intellectuels juifs ulcérés par la politique froidement meurtrière d‘un État prétendant les représenter.

Vous lirez dans ce numéro de Dialogue des contributions qui justifient le besoin que s‘organise et se poursuive ce débat sur le plan international. Auprès de ceux, toujours plus nombreux, qui refusent les crimes faits en leur nom. Auprès des militants et jeunes palestiniens, confrontés à la crise dislocatrice de leur représentation politique traditionnelle — conséquence des Accords d‘Oslo — et qui cherchent à se réapproprier les fondements démocratiques de leur mouvement de libération nationale. Pour tous, il ne saurait y avoir de paix sans justice. Il ne saurait y avoir de justice sans partir des revendications démocratiques des peuples de la région.

C‘est à ce débat que Dialogue propose aux militants du mouvement ouvrier et démocratique de contribuer.



Sommaire :

p.3
Introduction
p.5
La politique israëlienne et l'Occident : Plus elle change, plus elle reste la même.
Par Haim Bresheeth
p.14
Interview d'un jeune Palestinien
p.16
Les conséquences de la résistance de Gaza sur la politique palestinienne...
Par Salah Mohamed
p.19
La question Palestinienne, le mouvement kurde et la gauche turque
par Kenan Kalyon
p.21
Sur le Sionisme par Ben Ehrenreich
p.24
A propos du débat sur les solutions
par François Lazar
p.27
Une déclaration du Fath (1er janvier 1969)

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